[Chapitre 3] Entrainement de l'Alchimie
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[Chapitre 3] Entrainement de l'Alchimie
Partie 1
Nous nous trouvions dans l’un des sous sols les plus profonds de la Cité du Serpent. Le terme « grotte » serait d’ailleurs plus exact. Les murs ressemblaient à de la terre, de longues tiges de pierre pendaient au plafond, nous menaçant de leurs piques acérées, comme prêtes à tomber au moindre remous. Il faisait sombre, malgré les torches accrochées aux parois. Artémis avançait en tête, ses bracelets scintillant et teintant à chacun de ses pas, son parfum troublant laissait une trace à son passage, embaumant la caverne d’une odeur envoutante.
J’eus un raclement de gorge. Douloureux.
Derrière elle, je marchais d’un pas régulier, lent. Mon cœur menaçait de sortir de ma poitrine, tellement ses battements se faisaient violents. Mes mains ne tremblaient pas, mon visage n’exprimait aucune émotion.
Un nœud immense se forma au creux de mon ventre. Il aurait du m’arrêter, me stopper avant que je le fasse. Je plissai les yeux, fronçai légèrement les sourcils, baissant imperceptiblement la tête. Je n’entendais plus que le son de mes palpitations cardiaques, violentes. Terribles. Le souffle infime de ma respiration parvenait jusqu’à mes oreilles et provoqua en moi une série de frissons incontrôlables. Le bruit de mes pieds raclant le sol. Le frémissement des flammes. Le délicat tintement des bracelets de l’Axia. Le frôlement d’un voile sombre contre un cou. Le souffle brûlant de Daiki, à ma gauche. La présence étrange d’Hermès, à ma droite.
Hermès. Je ne parvenais pas à m’habituer à le nommer Hermès. Je ne voulais pas. Le faire serait m’avouer que tout avait changé, qu’il n’était plus celui que j’avais connu. Yuke. Je n’en étais pas capable pour l’instant.
Nouveau raclement de gorge. Cuisant.
Artémis se stoppa. Je relevai lentement la tête. Une gigantesque porte en acier presque noire nous fit face, imposante.
Je ne sus comment ce fut possible, mais mon rythme cardiaque s’accéléra davantage.
Artémis leva la main, effleura la porte du bout de ses doigts longs et fins. Un grincement insupportable résonna partout dans la crypte. Un filet de sueur glacial dégoulina le long de mon dos. La porte mit plusieurs secondes, qui me parurent interminables, à s’ouvrir.
Un noir total se dévoila à nous.
Puis quelques points lumineux, à plusieurs endroits. Etranges. Mystérieux. Comme…irréels.
Artémis avança sans une once d’hésitation. Alors qu’elle franchit le seuil de la porte, la pièce s’imbiba de lumière. Circulaire, d’environ dix mètres de diamètre, la pièce était vide, hormis les centaines de bougies suspendues au mur de pierre froide.
J’attendis. Sans faire le moindre mouvement.
Etais-je effrayée ? Angoissée ?
Regretterai-je mon choix ?
Un effleurement dans mon dos. Je frissonnai, en étouffant mon cri.
- Tu as peur ?
La voix de Yuke me parvint avec difficulté, lointaine. Non, celle d’Hermès. J’eus la sensation de perdre toute contenance. Ma respiration se fit plus saccadée, mes jambes me parurent de cotons, un liquide amer emplissant ma gorge, m’empêchant de respirer calmement.
Je refusai néanmoins de fermer les yeux. Si je le faisais, alors je ne pourrais plus continuer. Ma décision avait été prise, je ne pouvais plus revenir en arrière. Fermer les yeux serait faire demi-tour. Serait lâcheté. Serait abandon.
Alors je les gardais ouverts. Mon esprit bouillonnait, mon cœur était sur le point d’exploser.
Devais-je avoir peur ? Etait-ce humain ? Je baissai la tête. Oui, c’était humain. Oui, je devais avoir peur. Affronter cette peur était la première étape, avancer était la deuxième. La plus difficile.
J’avalai ma salive, réprimant un cri de douleur. J’eus l’impression que ma gorge était en feu.
- Oui. J’ai peur.
Il fit un quart de tour vers moi.
- De quoi ? Je ne sais pas. Peur de ne plus être celle que j’étais. Peur de ne plus me souvenir…
Ma voix s’éteignit. Je fis un pas en avant, franchissant le seuil de la porte. Ma poitrine se soulevait puissamment, ma respiration était précipitée, la sueur coulait le long de mes tempes, de ma nuque. Je perçus un mouvement à ma gauche, une main s’empara de la mienne, y glissa comme si j’avais été de verre.
Non…Non…je dois le faire, je dois continuer, je ne dois pas me retourner. J’avance, je suis aux côtés de l’Axia. Je sens son regard brûler ma chair. Je plonge le mien dans le sien.
- Qu’on commence. Maintenant.
J’aurais juré ne pas avoir prononcé ces mots. Artémis acquiesça cependant. Elle recula d’un pas, tandis que Yuke et Daiki se rapprochaient. Je fis moi-même demi-tour, de manière à pouvoir être face à eux.
Se souvenir. Désespérément, inutilement, je gravai leur visage dans mon esprit. Les moindres détails. Les iris de saphir d’Hermès, profonde, ceinturés d’or. Ceux d’un vert sombre, mêlé d’un brun mordoré de Daiki. L’un semblait plongé dans ses réflexions, m’observant d’un air absent. L’autre semblait sur le point de sauter vers moi, me tirer des griffes de ma décision.
J’avais du mal à respirer. Qu’on commence…
Soudain, Artémis leva les bras, colla ses deux paumes l’un contre l’autre dans un claquement sec. Son pied droit racla durement le sol, envoyant de la terre brune à côté d’elle. Sa voix résonna dans toute la pièce, pénétra dans chaque particule de pierre, s’engouffrant en nous, vibrant dans ma tête :
- Los Sellos de l’Alquimia !
Autour de moi, des figures apparurent sur le sol : un cercle, dont les diamètres se rejoignaient tous en un point central. J’étais ce point central.
Artémis commença alors à tourner autour du cercle, glissant sur la terre par figures étranges. A chacun de ses pas, un symbole s’inscrivait sur les branches du cercle, qu’elle accompagnait par une parole.
- Escoger ! Renunciar ! Sufrir ! Morir !
Tout s’arrêta. Je n’entendais plus d’autre son que celui de mon cœur, battant à une vitesse ahurissante. Artémis avait terminé un tour. Ses doigts étaient dans une position étrange, devant ses yeux. Elle murmura le dernier mot en s’approchant de moi, son visage presque collé au mien :
- Renacer !
Elle s’empara de mon bras, sans que je puisse riposter. Son index se posa contre mes veines, glacial. Elle lui fit parcourir quelques millimètres, quand je sentis une infime brûlure.
Puis une sensation de chaud, le long de ma main. Je baissai les yeux. Une goutte de sang s’écrasa sur le sol. Le cercle s’illumina à son contact, et je vis d’autres cercles apparaitre dont les symboles éveillaient une émotion intense en moi, que jamais jusqu’à maintenant je n’avais connue.
- Es-tu prête ? murmura Artémis, son regard toujours rivé sur le mien.
Je ne répondis pas, les yeux écarquillés de stupeur. Elle lâcha ma main, posa sa paume contre mon front, le tachant de mon propre sang.
- Transposición !
J’eus l’impression que l’on me déversait un seau d’eau gelée sur le crane, tandis que mes jambes se dérobèrent sous moi. Ma dernière vision fut Daiki, qui courrait vers moi. Je sombrai.
Qu’est-ce que c’est ?
Ou suis-je ?
Je ne sens plus rien. Je ne vois plus rien. Je ne ressens plus rien.
Suis-je devenue aveugle ?
J’ai l’impression de ne plus exister, de sombrer dans le néant. IL n’y a plus d’air, plus de terre. Rien d’autre qu’épaisseurs sombres sur épaisseurs sombres. Immatérielles.
J’ai les yeux ouverts, mais je ne vois rien. Mes cheveux détachés flottent autour de moi, caressent mon corps comme un voile de soie mais je ne le sens pas. Mon cœur bas, mais je ne le perçois pas.
Je nage. Je vole. Je flotte dans l’intemporel. Dans un abîme.
Soudain, une lumière aveuglante envahit tout l’espace et je dus fermer les yeux. Ma respiration était redevenue effrénée, les battements de mon cœur perceptibles. Je sentais aussi mon corps lourd allongée contre ce qui me sembla être de l’herbe, chaude. Ainsi que mes cheveux recouvrant presque la totalité de mon corps tremblant.
Je me relevai à quatre pattes, puis redressai la tête. J’étais au sommet d’une gigantesque falaise, donnant sur un gouffre profond où coulait à des centaines de mètres sous moi une rivière déchainée, s’écrasant contre les rochers, éclairée par la lumière cuisante du soleil d’été. J’écarquillai les yeux en poussant un gémissement à peine audible. Cet endroit…
- Tu es revenue…Tu es bien revenue…
Je sursautai, devant aussi raide qu’un piquet. Cette voix…Si douce, si chaude, si triste. Mon cœur rata un battement. Je refusai de me retourner. Ce ne pouvait être possible.
Je me mis à secouer frénétiquement la tête en plaquant mes paumes contre mes oreilles.
- Noon ! Vas-t’en ! Ce n’est pas toi ! Ce n’est pas toi ! Ce n’est…
- Amaya !
Quelqu’un se jeta derrière moi, m’encerclant de ses bras. J’entendis des sanglots, loin, très loin. Euphoriques. Torturants.
- Ce n’est…ce n’est…pas toi, gémis-je.
- Je savais que ce jour viendrait, dit la voix dans mon dos. Je savais que tu reviendrais me voir Amaya. Ma chérie…
La personne derrière moi bougea, de façon à pouvoir voir mon visage. Mes yeux exorbités refusaient de regarder la vérité en face.
- Amaya, regarde-moi…
°°Non…Non…NON !°°
Je levai la tête, lentement. Poussai un gémissement.
Mes yeux en rencontrèrent d’autres, d’un noir de jais. Profond. Mon visage terrifié s’y reflétaient comme dans un miroir. Une chevelure noire vint se joindre à la mienne.
Le visage de ma mère me souriait.
J’aurai voulu m’exprimer. Seul un hurlement sortit de ma gorge, déchirant, et vint se noyer dans la poitrine de ma mère, qui m’entoura de ses bras.
J’ignorais combien de temps j’étais restée ainsi, le visage plongé dans l’étreinte de celle qui m’avait élevée, aimée et protégée.
Puis je la repoussai lentement et l’observai, comme pour être certaine que c’était bien elle. Elle me sourit, son regard s’attendrit.
- Comme tu as grandi, comme tu es…magnifique ! Je suis si heureuse de te revoir Amaya…
Je lui fis un pauvre sourire, incapable de parler. Que pourrais-je dire ? Était-il nécessaire de gâcher nos retrouvailles avec des paroles vaines ?
Non, le silence était la meilleure solution.
- Je suis si fière de toi…J’ai cru en toi, je ne t’ai pas perdue une seule seconde, et je te retrouve comme je l’avais espéré. Plus forte et plus sage que quiconque. Jamais personne ne s’était risqué à une telle chose, mais toi, tu l’as fais.
Je baissai la tête. Non, rien n’était joué. Ma mère était là, je ne pouvais la quitter.
Elle me releva tendrement la tête, un sourire triste aux lèvres.
- Je suis ici pour t’aider Amaya. Tu dois continuer. Tu es la seule qui puisse réussir.
- Je ne veux plus te quitter, murmurai-je faiblement.
Ma mère me lâcha, et se releva. Elle me tendit la main, je m’en emparai sans dire un mot.
- Regarde-toi Amaya. Depuis toutes ces années, tu as toujours continué à te battre, et voila ce que tu es devenue. La plus grande Maitresse de l’Air que nous n’ayons jamais connu.
- Non, je…
Elle posa son index sur mes lèvres.
- Si tu abandonnes ici, alors tout ce dont pourquoi tu t’es battue s’effondrera. Les promesses que tu as faites s’envoleront jusqu’aux Cieux sans que personne ne s’en aperçoive. Tu seras un esprit oublié. L’Alchimie t’a choisi, tu ne peux faire marche arrière.
Je fis un pas en arrière, levant un regard horrifié vers ma mère.
- Alors tu n’es pas là…Tout cela n’est que le fruit de mon imagination, tout est une illusion !
- Amaya…
- Ne t’approche pas ! Je veux qu’on arrête ça ! Tout de suite !
- Je ne suis pas une illusion Amaya. J’existe bel et bien à l’intérieur de toi. L’Alchimie se nourrit de ce que tu es Amaya, de ton esprit. Je vis en toi, comme tes amis.
- Pourquoi ?...Pourquoi est-ce si douloureux ? gémis-je en baissant la tête.
Ma mère s’approcha, me souleva le menton de ses doigts tendres.
- Tu ne peux échapper à la douleur Amaya. Elle fait partie de ce monde, comme le bonheur, le plaisir ou la joie. Tu ne peux l’ignorer, sinon la surmonter.
- Mais comment ?
- L’Alchimie vit par tes souvenirs, ton travail est d’accepter ce que tu vois, ne pas détourner les yeux. Tu en es capable, car tu vas me quitter.
- Non ! Je ne veux pas oublier !
Ma mère me prit dans ses bras.
- Je ne peux te promettre et de prédire ce qui est inconnu. Crois en toi, comme tu l’as toujours fait. Si l’Alchimie tente de s’emparer de tes souvenirs, fais en sorte de pas lui abandonner ton esprit. Fais de cette faiblesse que sont les ombres du passé ta force. Fais-face.
Sa voix s’éteignit, comme le souffle du vent éteint la flamme d’une bougie. Je resserrai mes bras autour d’elle et fermait les yeux.
- Je ne t’oublierai pas maman.
Amaya-
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Re: [Chapitre 3] Entrainement de l'Alchimie
Partie 2
Tout cessa de nouveau. Le noir m’enveloppa et je tombai à genoux, soudain saisie d’une douleur dont je ne parvenais pas à en situer l’origine. Je plaquai mes mains contre ma tête. Un feu intérieur consumait mon esprit, léchant mon corps et mon âme. Des flashs fulgurants défilèrent devant mes yeux clos.
Des souvenirs.
Une petite fille aux grands yeux verts, seule sur le sommet d’une falaise.
Puis dans les bras d’un homme à la peau halée, aux cheveux fauves en bataille, au regard de jade.
Dans une tente, en compagnie d’une jeune femme à la longue chevelure noire, caressant son petit visage innocent aux grands yeux curieux.
La fillette a grandi, elle doit avoir entre 8 et 9 ans. Elle court avec des enfants de son âge. Ils rient. Leur voix résonne avec intensité.
Et des cris, des hurlements, en bas des collines.
Du feu. Des gigantesques flammes, des tourbillons consumant tout sur leurs passages.
Des plaintes déchirantes, des pleurs. Des hommes, des femmes et des enfants courent dans tout les sens. La jeune fille assiste à tout, ses pupilles luisant d’une couleur presque pourpre, écarquillées de terreur.
Elle court vers sa maison, en proie aux flammes sauvages.
Elle reçoit un coup sur la tête, venant de nulle part. Elle aperçoit juste un voile noir, et doux, qui effleure sa joue, avant de s’écrouler sur le sol.
Elle se réveille deux jours plus tard. Des corps. Une odeur pestilentielle qui lui brûle les narines. L’odeur de la Mort.
Un hurlement perçant déchira le village en feu. Désespoir absolu.
La petite à beaucoup grandit, c’est une jeune fille maintenant. Son corps s’est affiné, son visage a muri, son esprit s’est durci. Elle a de longs cheveux noirs, qui lui tombe jusqu’au bas du dos. Elle avance, seule au milieu du monde. Elle n’a besoin de personne.
Puis elle arrive devant une vaste cité. Elle entre dans un bâtiment. Elle attend.
Un homme vient la rejoindre. Grand, blond, les yeux d’un bleu profond, aussi sombre et mystérieux que le fond des océans.
Il est son Maitre. Il la guide sur la voie. Il est le seul à ses côtés. Pour toujours.
Les mois passent. La fille est devenue une jeune femme. Elle apprend. Elle écoute. Elle essaie de comprendre.
Elle est dans un autre monde. Une femme vient à sa rencontre, un esprit. Elle ressemble à un ange. Une gardienne. Elle l’accueille en elle.
Et elle hurle, elle souffre. Son maitre pose sa main chaude sur son front trempé.
Le noir. Des yeux rouge sang. Une peur qui la pétrifie sur place devant cette créature qu’elle ne reconnait plus.
Elle le tient dans ses bras. Elle doit le sauver. Elle veut le sauver.
Elle le sauve.
Ils sautent par la fenêtre, dans un ensemble parfaitement synchrone. Ils courent vers leur destin.
Je hurlai en silence, les flashs de plus en plus forts et douloureux.
Pôle nord.
La jeune femme est obligée de se séparer de son maitre, pour la première fois de sa vie. La guerre est là. Elle se bat avec toute la fougue et toute la force dont elle est capable, auprès de ses amis.
Lui n’est plus là.
Un amiral disparait. Elle part à sa recherche. Elle rencontre cet homme au souffle brûlant et au regard troublant pour la première fois.
Elle hurle, elle est perdue dans les bois. Seule. La pluie dégouline sur sa peau, rejoignant les larmes sur ses joues.
Elle vole, sur un bison. Son peuple a besoin d’aide. Son temple est dévasté.
Un éclair aveuglant. Un bruissement d’ailes. Un regard.
Son regard.
Elle court vers lui, elle veut le rattraper. Elle traverse son corps comme s’il n’était qu’un esprit. Une illusion. Elle tombe. Elle pleure. Elle hurle.
Il lui dit de s’enfuir. Lui dit au revoir.
C’en était de trop. Des larmes brulantes qui n’existaient pas jaillissaient de mes yeux. Ces souvenirs me détruisaient de nouveau un à un, dévorant les cicatrices à peine enfouies en moi.
Des gouttes de pluie ensevelissent un corps perdu, allongé sur le sol de terre trempée.
Son bison s’approche, s’appuie contre elle et attend. Il sait qu’elle montera.
La fille se hisse sur la selle et s’envole. Son regard de jade observe la pluie qui glisse le long de sa main.
Froid. Chute. Douleur. L’animal est couché sur le sol. Elle lève la main vers le seul qui lui reste, elle hurle.
Elle se réveille dans une maison. Elle saute par la fenêtre.
Fuite.
Le revoilà, l’homme au regard déconcertant.
Elle tente de le frapper, il la retient. Leurs visages sont à quelques centimètres l’un de l’autre. Son souffle chaud caresse sa joue humide.
Elle lui saisit les mains et ils disparaissent.
Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle est retournée chez elle. Tout le dojo est détruit. Elle ignore ce qu’elle voit et cherche des indices.
La Terre tremble. Une énergie terrifiante. Familière.
Lui.
Plus elle s’approche, plus elle s’affaiblit. Elle le reconnait.
Elle s’interpose. Elle voit son regard, elle doit le laisser s’envoler.
Elle rencontre cette femme. On dirait une reine. Masque blanc. Yeux dorés. Son étincelant de ses bracelets. Le claquement sec de son voile noir sous le souffle du vent.
Ma vie défilait devant mes yeux. Je revis tout. Du début, jusqu’à la fin. Le feu se répandait à présent dans tout mon corps, descendant dans le cou, les bras, la poitrine, le ventre, les jambes.
Puis ils apparurent.
Yuke. Daiki.
Tout deux me fixaient de leur regard si étrange. Un regard qui me fit horreur.
Le feu dévorait à présent mes pieds, et les battements de mon cœur ralentissaient.
Leur visage s’éloigna. Se dissipa.
Des souvenirs.
- Nooooooooooooooooooon !
Un hurlement en silence, que moi seule entendis. Je me relevai et courrai vers eux, fermant les yeux en me jetant sur leur corps qui disparurent à mon contact.
Tout redevint réel. Le feu était à présent dans mon corps tout entier, et je n’avais aucun moyen d’y échapper. Mes yeux à demi-clos étaient tournés vers le plafond brun. Mon corps n’avait plus de poids, il flottait dans l’air, soulevé par un tourbillon d’air puissant. Mes cheveux détachés volaient dans tout les sens.
Je ne sentais que le feu.
Mais je n’avais pas oublié.
Des fils d’or et d’argent sortirent soudain des bougies. Le Feu en étant la Vie. Un par un, ils vinrent tournoyer autour de moi, m’encerclant sans que je ne sente rien.
Seulement le feu.
Ils se greffèrent en moi, dans mes bras, mes jambes, ma poitrine, mon cou. Ma peau fut parcourut de symboles étranges, brillants. Les même que ceux du cercle dans lequel je me trouvais encore.
Les fils se vie se rejoignirent tous en un point, ma main gauche, et s’y ancrèrent pour de bon. Ils formèrent un symbole étrange, enroulé autour de mon majeur, parcourant tout le dos de ma main avant de disparaitre à mon poignet, à l’endroit même où mon sang circulait avec véhémence dans mes veines.
Le feu disparut. Je ne sentais plus rien. J’eus l’impression d’avoir été vidée de toute énergie.
Le tourbillon qui me retenait en l’air disparut petit à petit, et je sentis mon corps chuter.
Des mains me rattrapèrent à temps, tandis que je sombrai dans l’inconscience.
Amaya-
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Re: [Chapitre 3] Entrainement de l'Alchimie
Quelque chose de frais effleura ma peau. De doux. De familier.
Mais beaucoup plus fort.
J'ouvris la yeux. Le noir s'ouvrit à moi, effrayant. Aussitôt, mon ventre fut saisit d'une angoisse sans pareille qui me fit me lever lever brutalement tandis que j'étouffais un cri. Des gouttes de sueur perlaient mon front brûlant.
Je suffoquais. L'impression épouvantable d'être enfermée dans un quelque part sans consistance réprimait mon coeur, m'empêchait de respirer.
De l'air. Il me fallait de l'air.
La panique qui me rongeait m'empêcha de voir cette petite fenêtre qui donnait sur la nuit étoilée du dehors.
J'enserrai mes jambes de mes bras et disparus.
De nouveau, cette sensation intense, ce voile pur qui frôlait ma peau, ma nuque. Je relevai la tête, pantelante. Cessa tout mouvement.
Je venais de me téléporter au sommet du Rempart céleste, dominant entièrement la Cité du Serpent. J'avais devant moi une vue spectaculaire des maisons, tours et toits éclairés par la pâle clarté de la Lune, le lac entourant les murailles, étincelant comme un diamant. Le corps fluide de Sensei se dessina sous l'eau, sous la forme d'une longue silhouette sombre se mouvant dans un silence total, sans provoquer le moindre remous.
J'observai la cité avec un regard stupéfait, reprenant petit à petit conscience. Des flashs défilèrent soudain devant mes yeux écarquillés, des mots résonnèrent autour de moi : maman!...oublier...souvenirs...Yuke...Daiki...Artémis...des fils d'or d'argent...un feu ardent...une douleur lancinante.
Douleur qui avait totalement disparue. Jamais auparavant je ne m'étais sentie aussi légère, comme si mon corps flottait en l'air, à peine plus lourd qu'une plume. J'étais portée par le vent. Le Vent.
Ce voila pur et doux.
Je me relevai lentement et m'approchai du bord. Le bout de mes pieds dépassaient dans le vide. Je baissai la tête pour observer ma main gauche.
Stupéfaction silencieuse.
Un dessin mystérieux entourait mon index, s'étalait sur le dos de ma main avant de disparaitre à la surface de mes veines. Des symboles que je ne connaissais pas, mais qui ressemblaient beaucoup à ceux du cercle alchimique, d'une finesse sublime. Cet étrange tatouage luisait à la flamme profond de l'Astre Nocturne, prenant une teinte presque argentée.
Je le caressai du bout des doigts, ébahie.
C'était donc le fruit de l'Alchimie? Non, ce n'était pas tout. Cette sensation indéfinissable qui s'était emparée de moi depuis mon réveil l'était aussi. L'Alchimie m'avait profondément changée. J'avais l'impression de ressentir. Les choses, la matière. L'Air, la Terre. L'Eau. Le Vent ne m'apparaissait à présent plus comme un élément que je contrôlais, mais comme une Source de Vie incroyable.
J'étais Vent. Le Vent était moi.
Nos deux cœurs résonnaient ensemble, nos battements se superposaient en harmonie totale. Juste quelques instants magiques.
Des bruits de bas retentirent derrière moi. Je n'eus même pas besoin de me retourner pour ressentir l'énergie enflammée et le Chi bouillonnant de Daiki. Son odeur emplit l'Air de la même manière que la fleur au bas du Rempart. Je sentis le frottement de ses vêtements, celui de ses cheveux.
Il vient près de moi, et m'observa, inquiet. Je le regardai à mon tour et le découvrit...changé. Le regard qu'il posait sur moi semblait plus profond, plus troublé. Plus protecteur. Il détourna les yeux, comme si mon regard le consumait.
Après un long moment de silence, je pris la parole :
- Est-ce que...ça va? dis-je à voix basse.
Il fit volte face. Son regard me figea sur place.
- Tu me demandes si ça va? Comment peux-tu dire une chose pareille! Je...je ne te comprends pas!
- ...
- Tu...tu aurais pu mourir! s'égosilla t'il. J'ai cru que tu ne reviendrais jamais! Tu hurlais quand ces fils ont pénétré en toi, et pourtant aucun son ne sortait de ta bouche. J'ai cru mourir à te voir souffrir devant moi, sans que je puisse t'aider! Et...tu me demandes si ça va?!
Mon coeur s'accéléra tandis que son regard torturé était braqué sur moi.
- Je vais bien...je vais bien, parvins-je à murmurer.
J'ignorai s'il m'avait entendu. Il fronça les sourcils, et m'enlaça soudainement. J'écarquillai les yeux, incapable de faire le moindre mouvement.
- Je ne permettrai plus que tu souffre de cette manière. Je ne peux pas...
Une larme roula sur ma joue. Unique. J'avais froid soudainement, et la chaleur de Daiki m'enveloppait petit à petit.
Il ne me lâcha que plusieurs minutes plus tard, m'observa longuement. Sourit tristement.
- Tu n'as pas changé, souffla t'il. Je le vois dans ton regard.
La nuit masqua ce masque pourpre qui me monta aux joues. S'il le vit, il ne dit pas un mot. Il fouilla dans sa veste en en sorti un tissu noir et brillant. Il s'empara ensuite de ma main gauche. Il resta un instant le regard fixé sur le tatouage, le visage indéchiffrable. Puis enfila le bout de tissu autour de ma main. C'était en réalité un gant.
- Je pense qu'il est préférable que les Nomades ne voient pas ce tatouage.
J'observai ma main cachée, silencieuse.
- Tu devrais rentrer, tu es glacée, dit-il ensuite.
- Je n'ai pas froid, ripostai-je doucement.
C'était la vérité. Il me semblait même que le feu auparavant ardent était devenu agréable et parcourait mon corps, répandant une chaleur confortable. Daiki hocha lentement la tête, puis fit demi-tour et disparut dans la nuit. J'observai sa silhouette jusqu'à temps que je ne la voie plus.
Je fermai les yeux quelques secondes avant de me plonger dans l'obscurité sombre de la nuit.
Amaya-
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Re: [Chapitre 3] Entrainement de l'Alchimie
De Yuke[Corridor menant à la chambre où était assoupie Amaya dans le début du post précédent, même moment que la fin du post précédent.]
Artémis était plongée dans ses pensées. Une jarre à la main, remplie d'une lotion énergisante, elle mit un pied sur le seuil avant de remarquer la présence. Comme d'habitude, son aura était sporadique et ne pouvait être localisée avec précision. Au lieu, comme avec les êtres vivants en général, de percevoir un flux de Chi dense, il ressemblait à un brouillard mouvant et traître.
Hermès était assis sur le rebord de la fenêtre, une jambe dans le vide, le bras sur son genou, et le regard perdu sur le Rempart Céleste au loin. Amaya n'était plus là.
- Que fais-tu ici? demanda-t-elle froidement.
- ...
Une brise légère envahit la pièce, faisant danser la robe légère d'Artémis.
- La formation d'Amaya doit commencer au plus tôt. L'Alchimie va bientôt devenir indispensable pour nous tous...
- ... Ce n'est pas ce qui est le plus urgent... Pourquoi parler de ça? Tu ne sais rien de l'Alchimie...
- J'en sais assez pour savoir que s'en servir n'est pas sans conséquence, et qu'elle ne règle pas tous les problèmes, loin de là. Quand lui apprendras-tu la vérité?
- Pas encore. Elle n'est pas prête. Elle n'a pas besoin de savoir pour l'instant...
Hermès tourna sa tête vers Artémis.
- Amaya est humaine. Tu sais comme moi ce que cela signifie! Ses sentiments vont l'écarter du Code de l'Alchimie... Elle va découvrir la vérité tôt ou tard. Et cette vérité terrifie les humains...
- Je sais tout cela!
Artémis semblait furieuse. Elle paraissait avoir grandit, rendant la pièce oppressante, électrique.
- Je suis celle qui a mis au point l'Alchimie humaine! J'ai transmis le Code aux humains... J'en connais tous les risques et les implications...
- ...
- Si nous n'avions pas besoin de toi, tu serais depuis longtemps mort!
Hermès sourit, et s'approcha d'Artémis, puis se pencha jusqu'à presque toucher son masque blanc, scrutant ses yeux stupéfiants de puissance.
- En es-tu si sûre?
Il restèrent un instant ainsi, immobiles, se défiant du regard. Puis Hermès se redressa lentement, et fit avec ironie:
- A ce moment là, quand tu avais l'Homonculus en face de toi...
Il fit une pause, savourant la suite...
- ... Pourquoi ne m'as-tu pas frappé à mort?
Artémis se raidit. La tension était palpable quand elle déclara:
- Je n'avais pas assez de temps pour préparer Miss...
- Et si c'était Miss qui n'avait pas voulu frapper?
Sur ces mots, Hermès disparut d'un seul coup, laissant Artémis seule, pétrifiée. Ses derniers mots semblèrent toutefois flotter encore quelques instants dans la pièce. Qu'avait-il voulu dire? Était-ce une menace? Un énigme? Que cherchait-il à faire?
Elle fut tirée de ses pensées par l'arrivée inopinée d'Amaya, dans un souffle gracieux et lumineux. La jeune femme avait repris des couleurs et de la force. Artémis lui tendit la jarre.
- Qu'est-ce? demanda-t-elle.
- Du sirop d'Echméa. Cela fluidifie le Chi et par la même occasion redonne de l'énergie.
Amaya porta la jarre à la bouche et but une gorgée, puis, devant le goût sucré, but plus abondamment. Elle allait reposer la jarre encore aux 3/4 pleine, mais Artémis la retint:
- Garde la, nous n'en avons pas fini.
- Quoi?
- Nous partons pour le sommet de la Cité.
- Maintenant?!
- Pourquoi crois-tu que je veux fluidifier ton Chi? Pour dormir?
Amaya sentait son pouls accélérer rapidement, et son corps s'emplir d'une chaleur agréable. Artémis étant déjà en train de descendre les escaliers pour se rendre au rez-de-chaussée, elle la suivit en interrogeant:
- Je ne sais pas si je pourrais... Je ne peux pas me permettre d'être fatiguée pendant la journée... Ma tâche de Chef est trop importante!
- Je sais, Amaya. Le sirop d'Echméa va drainer ton Chi mais aussi en accélérer la production. Tu n'auras besoin que d'une demi-heure de sommeil pour récupérer complètement.
Elles débouchèrent dans la rue, et commencèrent à la monter. Les quartiers de Chef des Nomades n'était pas loin du sommet de la ville.
Artémis était plongée dans ses pensées. Une jarre à la main, remplie d'une lotion énergisante, elle mit un pied sur le seuil avant de remarquer la présence. Comme d'habitude, son aura était sporadique et ne pouvait être localisée avec précision. Au lieu, comme avec les êtres vivants en général, de percevoir un flux de Chi dense, il ressemblait à un brouillard mouvant et traître.
Hermès était assis sur le rebord de la fenêtre, une jambe dans le vide, le bras sur son genou, et le regard perdu sur le Rempart Céleste au loin. Amaya n'était plus là.
- Que fais-tu ici? demanda-t-elle froidement.
- ...
Une brise légère envahit la pièce, faisant danser la robe légère d'Artémis.
- La formation d'Amaya doit commencer au plus tôt. L'Alchimie va bientôt devenir indispensable pour nous tous...
- ... Ce n'est pas ce qui est le plus urgent... Pourquoi parler de ça? Tu ne sais rien de l'Alchimie...
- J'en sais assez pour savoir que s'en servir n'est pas sans conséquence, et qu'elle ne règle pas tous les problèmes, loin de là. Quand lui apprendras-tu la vérité?
- Pas encore. Elle n'est pas prête. Elle n'a pas besoin de savoir pour l'instant...
Hermès tourna sa tête vers Artémis.
- Amaya est humaine. Tu sais comme moi ce que cela signifie! Ses sentiments vont l'écarter du Code de l'Alchimie... Elle va découvrir la vérité tôt ou tard. Et cette vérité terrifie les humains...
- Je sais tout cela!
Artémis semblait furieuse. Elle paraissait avoir grandit, rendant la pièce oppressante, électrique.
- Je suis celle qui a mis au point l'Alchimie humaine! J'ai transmis le Code aux humains... J'en connais tous les risques et les implications...
- ...
- Si nous n'avions pas besoin de toi, tu serais depuis longtemps mort!
Hermès sourit, et s'approcha d'Artémis, puis se pencha jusqu'à presque toucher son masque blanc, scrutant ses yeux stupéfiants de puissance.
- En es-tu si sûre?
Il restèrent un instant ainsi, immobiles, se défiant du regard. Puis Hermès se redressa lentement, et fit avec ironie:
- A ce moment là, quand tu avais l'Homonculus en face de toi...
Il fit une pause, savourant la suite...
- ... Pourquoi ne m'as-tu pas frappé à mort?
Artémis se raidit. La tension était palpable quand elle déclara:
- Je n'avais pas assez de temps pour préparer Miss...
- Et si c'était Miss qui n'avait pas voulu frapper?
Sur ces mots, Hermès disparut d'un seul coup, laissant Artémis seule, pétrifiée. Ses derniers mots semblèrent toutefois flotter encore quelques instants dans la pièce. Qu'avait-il voulu dire? Était-ce une menace? Un énigme? Que cherchait-il à faire?
Elle fut tirée de ses pensées par l'arrivée inopinée d'Amaya, dans un souffle gracieux et lumineux. La jeune femme avait repris des couleurs et de la force. Artémis lui tendit la jarre.
- Qu'est-ce? demanda-t-elle.
- Du sirop d'Echméa. Cela fluidifie le Chi et par la même occasion redonne de l'énergie.
Amaya porta la jarre à la bouche et but une gorgée, puis, devant le goût sucré, but plus abondamment. Elle allait reposer la jarre encore aux 3/4 pleine, mais Artémis la retint:
- Garde la, nous n'en avons pas fini.
- Quoi?
- Nous partons pour le sommet de la Cité.
- Maintenant?!
- Pourquoi crois-tu que je veux fluidifier ton Chi? Pour dormir?
Amaya sentait son pouls accélérer rapidement, et son corps s'emplir d'une chaleur agréable. Artémis étant déjà en train de descendre les escaliers pour se rendre au rez-de-chaussée, elle la suivit en interrogeant:
- Je ne sais pas si je pourrais... Je ne peux pas me permettre d'être fatiguée pendant la journée... Ma tâche de Chef est trop importante!
- Je sais, Amaya. Le sirop d'Echméa va drainer ton Chi mais aussi en accélérer la production. Tu n'auras besoin que d'une demi-heure de sommeil pour récupérer complètement.
Elles débouchèrent dans la rue, et commencèrent à la monter. Les quartiers de Chef des Nomades n'était pas loin du sommet de la ville.
Amaya-
Age : 31
Messages : 20
Re: [Chapitre 3] Entrainement de l'Alchimie
De Yuke[Suite exacte du post précédent]
- Ça n'a pas d'effet secondaire? s'inquiéta Amaya, qui avait déjà entendu quelque chose à ce sujet.
- Si. Il ne faut pas d'activité physique intense pendant 48h après ingestion. Sinon le sang circule trop vite et le coeur et les organes explosent.
- O_O
- ... Mais, tu n'aura pas besoin de courir. Tu sais te téléporter. Toutes les techniques nécessitent de l'énergie mentale à profusion, mais un effort physique normal. Tu ne risque donc rien.
- Et si nous sommes attaqués?
- Ce n'est pas ton rôle en tant que Chef de participer aux combats. Tu es censée diriger. Cette boisson est faite pour toi.
- Mais... Ce n'est pas trop cher? Ce genre de potion est très rare car la recette uniquement connue des plus grand herboristes du Sekai et...
- Hermès en a confectionné pour toi. Nous n'avons pas à payer pour cette potion.
Amaya se tut. Elle se souvenait... Au Temple, Yuke avait souvent été sollicité pour ses talents de confection de potions en tout genre. Il connaissait des recettes incroyables...
Ainsi... Il avait hérité ce don d'Hermès? Si c'était le cas, alors Hermès devait être encore plus expérimenté, puisque son talent avait transcendé son corps...
Elles arrivèrent sur la place supérieure de la Cité du Temple Central, profitant d'une vue magnifique sur toute la mer du Serpent. Au centre de la place aux dimensions stupéfiantes, un énorme bloc de pierre blanche brillait sous le firmament. Il était parfaitement sphérique, et autour de lui, une crevasse en couronne régulière conservait l'eau de pluie qui faisait miroiter encore plus la lueur des étoiles.
La nuit était calme, et le vent ne soufflait que quelques brises légères de temps en temps. On voyait quelques fumées s'échapper de certains toits, mais très peu. Il faisait peu froid en cette période de l'année. Il devait être proche de la minuit.
Artémis s'assit jambes croisées devant le dôme de pierre, juste au bord de l'eau. Amaya en fit de même.
- L'initiation que tu as reçue t'a appris à te détacher de ce que tu possèdes. L'Alchimie repose sur trois principes, qui dépendant tous de ta volonté. Toute opération alchimique se découpe en trois mouvements immuables: compréhension, division, organisation. La compréhension, chez les hommes, est souvent maîtrisée. Ca ne veut pas dire que vous savez tout, mais que vous avez la faculté de comprendre les choses. Les tâches de division et d'assemblage sont en revanche très médiocres. Vous cherchez à tout organiser selon vos pensées, alors qu'il ne faut pas. Vous cherchez également à diviser par vos propres moyens. Tout cela est inutile, car toutes les choses sont déjà organisées et divisées sans vous. Ces erreurs influencent votre compréhension et font d'elle un tissu d'erreurs inextricable.
Elle fit une pose, déroulant un parchemin devant elles.
- L'initiation a pour but de montrer que tu ne contrôles pas ce qui t'entoure. Elle te mets face à tes démons, à ce qui déforme ta perception du monde. A toi-même. Pour réussir l'Alchimie, Il faut se détacher de tout cela. Tu possèdes déjà la faculté de comprendre. Maintenant, il te faut diviser le monde non plus par ta vision, mais comme il est divisé. Une fois que tu y seras parvenue, il faudra apprendre à l'organiser, l'assembler, non pas selon tes régles, mais selon ses règles.
- Ça veut dire que pour plier l'Alchimie à ma volonté, je dois d'abord me plier à ses exigences?
- C'est cela.
- Quelles sont-elles, alors?
Artémis attendait visiblement la question, puisqu'elle montra enfin le parchemin à Amaya. Il s'agissait d'un dessin de plusieurs cercles concentriques, tous inscrits les uns dans les autres, bornés de différentes indications. Cette fois-ci, le langage était tout à fait commun. Il n'y avait aucun symbole étrange.
Artémis pointa du doigt le plus petit des cercles, enfermé par tous les autres. Il portait aux 4 points cardinaux des dessins qu'Amaya connaissait bien: les éléments des Nations.
Au Nord le rond bleu des Tribus de l'Eau, à l'Est la montagne du Royaume de la Terre, au sud les flammes des Enfants du Feu, et à l'Ouest les tourbillons des Nomades de l'Air.
- De nos jours les hommes dépendent des 4 éléments que tu connais bien: l'eau, le feu, l'air, la terre.
- Il n'en a pas toujours été ainsi?
- Non. Autrefois ces signes se confondaient avec un cercle plus grand, mais nous n'en parlerons pas cette nuit. Ces 4 éléments forment entre eux une sorte d'équilibre, de contrôle permanent qui détermine la plupart des interactions du Sekai. L'Alchimie permet de contrebalancer cet équilibre.
- Vous voulez dire qu'on peut aller contre?
- Non. L'Alchimiste n'enfreint pas les principes universels. Il s'en sert simplement. Si tu veux, faire de l'Alchimie c'est un peu comme provoquer un futur qui aurait pu se passer, mais qui sans ton intervention aurait eu de grandes chances de ne pas exister.
- Vous dites que l'Alchimiste n'enfreint pas les principes universels... Mais l'Alchimie le peut?
Artémis prit un air grave.
- Oui. En poussant l'Alchimie à un certain point, le résultat obtenu n'est plus naturel. Le Code de l'Alchimie prescrit des limites dans lesquelles l'usage de l'Alchimie est envisageable. Au-delà, c'est un autre domaine, que l'on nomme parfois... la Sorcellerie.
- ... Quelle est la différence?
- La Sorcellerie ne respecte plus les principes universels. Elle permet d'outrepasser toutes les règles.
Amaya semblait perplexe:
- Mais... elle est plus puissante que l'Alchimie alors? Pourquoi le Code l'interdit?
- L'Alchimie est un Art régi par la raison. Intervenir sur l'ordre naturel des choses, tout en ne l'oblitérant pas, est une activité tout à fait légitime. L'Alchimie serait comme sauver un ami de la noyade en plongeant pour le récupérer, ou voler de l'argent à quelqu'un et ensuite s'échapper plus facilement. C'est juste un autre moyen de faire une chose naturelle. Tout ce qui est produit lors d'une opération alchimique peut être expliqué et compris par tout le monde. La Sorcellerie, elle, permet de transformer une dune en lac, de faire parler un nouveau né.
- ... Ça semble... incroyable!
- Oui, mais les conséquences sont différentes. L'Alchimie à proprement parler induit à son auteur de fournir de l'énergie suffisante pour provoquer un phénomène possible parmi d'autres. L'Alchimiste utilise son propre Chi pour produire ce phénomène. Pour la Sorcellerie, le phénomène est contraire aux lois du monde. Il faut donc déjà fournir une quantité d'énergie phénoménale, mais surtout, l'effet provoqué est complètement imprévisible. Dès qu'un sort est lancé, la nature est perturbée, ébréchée... Elle tente donc de réparer la balance de l'équilibre, ce qui provoque des contre-effets souvent inimaginables.
Amaya était sidérée d'entendre tout cela. La Sorcellerie... On racontait ces histoires aux enfants, de sorcières et de magiciens... Mais était-ce la même chose que ce dont parlait Artémis? Ces contre-effets étaient ils ce que les légendes décrivaient comme les démons qui hantaient et possédaient les sorciers?
Elle avait ouvert son esprit. Elle avait rencontré une déesse, des esprits, les Gardiennes des Sceaux, l'Homonculus... Yuke... A chaque fois, la désillusion avait été grande. Ils existaient tous dans les légendes, ces êtres étranges, mais ils n'étaient pas du tout pareil qu'on les imaginait. Ils n'avaient en commun que les noms.
Pourquoi apprenait-on des choses fausses? Pourquoi devait-on sans cesse apprendre que ce qu'on a toujours cru savoir n'était que balivernes et/ou mensonges?
- Comme tu es humaine, poursuivit Artémis, je vais t'enseigner l'Alchimie élémentaire. Tu vas apprendre à comprendre, diviser et assembler les flux d'énergies du Feu, de l'Eau, de la Terre et de l'air. D'abord matériel, puis spirituel.
Amaya était attentive au maximum.
- Chaque chose en ce monde est traversé par les flux de ces éléments, ou du moins peut l'être. Tu vas devoir percevoir de quelle manière chaque élément se répartit dans les objets que tu étudies, puis différencier chacun d'eux, apprendre à les scinder puis à les réorganiser selon ta volonté, dans une autre configuration possible.
- Comment faire pour distinguer l'Alchimie de la Sorcellerie? Je n'ai pas envie de la déclencher sans le faire exprès...
- C'est surtout une question de bon sens. Si tu as une pierre, à ton avis, que te permets l'Alchimie?
Amaya réfléchit un instant, puis répondit:
- La briser? La changer en une autre pierre? Changer sa forme, sa texture?
- Tout cela est possible effectivement. Plus tu influera sur les phénomènes naturels, plus l'énergie demandée te seras grande. Pour la Sorcellerie, tu l'as déjà expérimentée, tu sais ce qu'elle provoque comme sensation...
- ...?!
Amaya déglutit, blême. Quand?
- Lorsque tu as ramené Hermès... Il est mort, ce jour là. A ton avis... Ce que tu as tenté, c'était de l'Alchimie ou de la Sorcellerie?
Amaya ne répondit pas. Elle avait trop honte. Trop peur de se souvenir de cette douleur, de cette souffrance. Ce jour là, elle n'était plus elle-même... Elle avait même puisé de l'énergie des Nomades... Elle avait peut-être blessé des gens sans le savoir... Ce sombre souvenir la hantait jour et nuit depuis. C'est vrai, elle avait été comme possédée... Elle n'avait pas réfléchi une seule seconde aux conséquences de ses actes...
- Ce jour là, ça n'a pas marché. Tu étais trop inexpérimentée pour une telle prouesse. Mais cela a déclenché sur le corps d'Hermès un choc, une instabilité, qui l'a ramené à la vie. Il a repoussé ton œuvre, ce qui a provoqué l'apparition de la vie dans le cratère. Heureusement que ça c'est fini ainsi, à la limite du naturel. Sans quoi tu aurais sûrement provoqué une catastrophe.
- Ramener une personne à la vie... est donc l'une des choses que je ne peux pas faire... murmura Amaya.
- Non. Le Code interdit de transmuter la vie ou la mort. Tu peux guérir ou blesser, mais la vie et la mort sont des choses qui te dépassent. Tu enfreindrais tes capacités humaines et donc irais contre les principes universels.
- Bien. Je comprends mieux. L'Alchimie est un peu comme un catalyseur de ce que je pourrais faire moi-même.
- Exactement. Pour t'entrainer, tu vas commencer par tenter les trois opérations de base de l'Alchimie ici. Tu as autour de toi de l'air, de l'eau, deux éléments qui se ressemblent beaucoup et qui sont entremêlés. Le dôme en face de toi est de l'Obstacle pur. C'est le seul élément sur le Sekai qui n'est parcouru par aucun flux de Chi. Tu devras en avoir en permanence près de toi pour garder le contrôle. Ici, la quantité est plus importante, mais plus tard il te suffira d'un fragment. C'est sur lui que tu dois te focaliser. Complètement vide de Chi, il résonne parfaitement à leur influence. Grâce à lui, tu vas pouvoir te détacher d'eux et les observer comme de l'extérieur. Ainsi tu identifiera les flux de Chi qui les composent. L'eau est emplie de flux de Chi aqueux, puis de Chi aérien, puis de Chi terrestre, puis en dernier de Chi brûlant, que tu ne percevra en dernier, Après avoir analysé complètement l'élément feu et terre de la même manière que maintenant tu analyse l'eau et l'air. L'air, quant à lui, serait composé de flux de Chi aérien, puis aqueux, puis brûlant, puis terrestre.
- Je vais commencer alors...
- Dès que tu ressens de la fatigue, boit du sirop d'Echméa. Quand à moi, je vais tenter d'améliorer tes perceptions...
Artémis se leva, puis tandis que son élève fermait les yeux pour gagner en concentration, elle traça un cercle autour d'elle, puis se rassit à l'extérieur, dans le dos d'Amaya.
- Attention au changement. Tes sens vont bientôt être démultipliés au maximum de leur potentiel...
L'Axia posa ses mains sur le cercle, et aussitôt Amaya tressaillit.
C'était commencé!
- Ça n'a pas d'effet secondaire? s'inquiéta Amaya, qui avait déjà entendu quelque chose à ce sujet.
- Si. Il ne faut pas d'activité physique intense pendant 48h après ingestion. Sinon le sang circule trop vite et le coeur et les organes explosent.
- O_O
- ... Mais, tu n'aura pas besoin de courir. Tu sais te téléporter. Toutes les techniques nécessitent de l'énergie mentale à profusion, mais un effort physique normal. Tu ne risque donc rien.
- Et si nous sommes attaqués?
- Ce n'est pas ton rôle en tant que Chef de participer aux combats. Tu es censée diriger. Cette boisson est faite pour toi.
- Mais... Ce n'est pas trop cher? Ce genre de potion est très rare car la recette uniquement connue des plus grand herboristes du Sekai et...
- Hermès en a confectionné pour toi. Nous n'avons pas à payer pour cette potion.
Amaya se tut. Elle se souvenait... Au Temple, Yuke avait souvent été sollicité pour ses talents de confection de potions en tout genre. Il connaissait des recettes incroyables...
Ainsi... Il avait hérité ce don d'Hermès? Si c'était le cas, alors Hermès devait être encore plus expérimenté, puisque son talent avait transcendé son corps...
Elles arrivèrent sur la place supérieure de la Cité du Temple Central, profitant d'une vue magnifique sur toute la mer du Serpent. Au centre de la place aux dimensions stupéfiantes, un énorme bloc de pierre blanche brillait sous le firmament. Il était parfaitement sphérique, et autour de lui, une crevasse en couronne régulière conservait l'eau de pluie qui faisait miroiter encore plus la lueur des étoiles.
La nuit était calme, et le vent ne soufflait que quelques brises légères de temps en temps. On voyait quelques fumées s'échapper de certains toits, mais très peu. Il faisait peu froid en cette période de l'année. Il devait être proche de la minuit.
Artémis s'assit jambes croisées devant le dôme de pierre, juste au bord de l'eau. Amaya en fit de même.
- L'initiation que tu as reçue t'a appris à te détacher de ce que tu possèdes. L'Alchimie repose sur trois principes, qui dépendant tous de ta volonté. Toute opération alchimique se découpe en trois mouvements immuables: compréhension, division, organisation. La compréhension, chez les hommes, est souvent maîtrisée. Ca ne veut pas dire que vous savez tout, mais que vous avez la faculté de comprendre les choses. Les tâches de division et d'assemblage sont en revanche très médiocres. Vous cherchez à tout organiser selon vos pensées, alors qu'il ne faut pas. Vous cherchez également à diviser par vos propres moyens. Tout cela est inutile, car toutes les choses sont déjà organisées et divisées sans vous. Ces erreurs influencent votre compréhension et font d'elle un tissu d'erreurs inextricable.
Elle fit une pose, déroulant un parchemin devant elles.
- L'initiation a pour but de montrer que tu ne contrôles pas ce qui t'entoure. Elle te mets face à tes démons, à ce qui déforme ta perception du monde. A toi-même. Pour réussir l'Alchimie, Il faut se détacher de tout cela. Tu possèdes déjà la faculté de comprendre. Maintenant, il te faut diviser le monde non plus par ta vision, mais comme il est divisé. Une fois que tu y seras parvenue, il faudra apprendre à l'organiser, l'assembler, non pas selon tes régles, mais selon ses règles.
- Ça veut dire que pour plier l'Alchimie à ma volonté, je dois d'abord me plier à ses exigences?
- C'est cela.
- Quelles sont-elles, alors?
Artémis attendait visiblement la question, puisqu'elle montra enfin le parchemin à Amaya. Il s'agissait d'un dessin de plusieurs cercles concentriques, tous inscrits les uns dans les autres, bornés de différentes indications. Cette fois-ci, le langage était tout à fait commun. Il n'y avait aucun symbole étrange.
Artémis pointa du doigt le plus petit des cercles, enfermé par tous les autres. Il portait aux 4 points cardinaux des dessins qu'Amaya connaissait bien: les éléments des Nations.
Au Nord le rond bleu des Tribus de l'Eau, à l'Est la montagne du Royaume de la Terre, au sud les flammes des Enfants du Feu, et à l'Ouest les tourbillons des Nomades de l'Air.
- De nos jours les hommes dépendent des 4 éléments que tu connais bien: l'eau, le feu, l'air, la terre.
- Il n'en a pas toujours été ainsi?
- Non. Autrefois ces signes se confondaient avec un cercle plus grand, mais nous n'en parlerons pas cette nuit. Ces 4 éléments forment entre eux une sorte d'équilibre, de contrôle permanent qui détermine la plupart des interactions du Sekai. L'Alchimie permet de contrebalancer cet équilibre.
- Vous voulez dire qu'on peut aller contre?
- Non. L'Alchimiste n'enfreint pas les principes universels. Il s'en sert simplement. Si tu veux, faire de l'Alchimie c'est un peu comme provoquer un futur qui aurait pu se passer, mais qui sans ton intervention aurait eu de grandes chances de ne pas exister.
- Vous dites que l'Alchimiste n'enfreint pas les principes universels... Mais l'Alchimie le peut?
Artémis prit un air grave.
- Oui. En poussant l'Alchimie à un certain point, le résultat obtenu n'est plus naturel. Le Code de l'Alchimie prescrit des limites dans lesquelles l'usage de l'Alchimie est envisageable. Au-delà, c'est un autre domaine, que l'on nomme parfois... la Sorcellerie.
- ... Quelle est la différence?
- La Sorcellerie ne respecte plus les principes universels. Elle permet d'outrepasser toutes les règles.
Amaya semblait perplexe:
- Mais... elle est plus puissante que l'Alchimie alors? Pourquoi le Code l'interdit?
- L'Alchimie est un Art régi par la raison. Intervenir sur l'ordre naturel des choses, tout en ne l'oblitérant pas, est une activité tout à fait légitime. L'Alchimie serait comme sauver un ami de la noyade en plongeant pour le récupérer, ou voler de l'argent à quelqu'un et ensuite s'échapper plus facilement. C'est juste un autre moyen de faire une chose naturelle. Tout ce qui est produit lors d'une opération alchimique peut être expliqué et compris par tout le monde. La Sorcellerie, elle, permet de transformer une dune en lac, de faire parler un nouveau né.
- ... Ça semble... incroyable!
- Oui, mais les conséquences sont différentes. L'Alchimie à proprement parler induit à son auteur de fournir de l'énergie suffisante pour provoquer un phénomène possible parmi d'autres. L'Alchimiste utilise son propre Chi pour produire ce phénomène. Pour la Sorcellerie, le phénomène est contraire aux lois du monde. Il faut donc déjà fournir une quantité d'énergie phénoménale, mais surtout, l'effet provoqué est complètement imprévisible. Dès qu'un sort est lancé, la nature est perturbée, ébréchée... Elle tente donc de réparer la balance de l'équilibre, ce qui provoque des contre-effets souvent inimaginables.
Amaya était sidérée d'entendre tout cela. La Sorcellerie... On racontait ces histoires aux enfants, de sorcières et de magiciens... Mais était-ce la même chose que ce dont parlait Artémis? Ces contre-effets étaient ils ce que les légendes décrivaient comme les démons qui hantaient et possédaient les sorciers?
Elle avait ouvert son esprit. Elle avait rencontré une déesse, des esprits, les Gardiennes des Sceaux, l'Homonculus... Yuke... A chaque fois, la désillusion avait été grande. Ils existaient tous dans les légendes, ces êtres étranges, mais ils n'étaient pas du tout pareil qu'on les imaginait. Ils n'avaient en commun que les noms.
Pourquoi apprenait-on des choses fausses? Pourquoi devait-on sans cesse apprendre que ce qu'on a toujours cru savoir n'était que balivernes et/ou mensonges?
- Comme tu es humaine, poursuivit Artémis, je vais t'enseigner l'Alchimie élémentaire. Tu vas apprendre à comprendre, diviser et assembler les flux d'énergies du Feu, de l'Eau, de la Terre et de l'air. D'abord matériel, puis spirituel.
Amaya était attentive au maximum.
- Chaque chose en ce monde est traversé par les flux de ces éléments, ou du moins peut l'être. Tu vas devoir percevoir de quelle manière chaque élément se répartit dans les objets que tu étudies, puis différencier chacun d'eux, apprendre à les scinder puis à les réorganiser selon ta volonté, dans une autre configuration possible.
- Comment faire pour distinguer l'Alchimie de la Sorcellerie? Je n'ai pas envie de la déclencher sans le faire exprès...
- C'est surtout une question de bon sens. Si tu as une pierre, à ton avis, que te permets l'Alchimie?
Amaya réfléchit un instant, puis répondit:
- La briser? La changer en une autre pierre? Changer sa forme, sa texture?
- Tout cela est possible effectivement. Plus tu influera sur les phénomènes naturels, plus l'énergie demandée te seras grande. Pour la Sorcellerie, tu l'as déjà expérimentée, tu sais ce qu'elle provoque comme sensation...
- ...?!
Amaya déglutit, blême. Quand?
- Lorsque tu as ramené Hermès... Il est mort, ce jour là. A ton avis... Ce que tu as tenté, c'était de l'Alchimie ou de la Sorcellerie?
Amaya ne répondit pas. Elle avait trop honte. Trop peur de se souvenir de cette douleur, de cette souffrance. Ce jour là, elle n'était plus elle-même... Elle avait même puisé de l'énergie des Nomades... Elle avait peut-être blessé des gens sans le savoir... Ce sombre souvenir la hantait jour et nuit depuis. C'est vrai, elle avait été comme possédée... Elle n'avait pas réfléchi une seule seconde aux conséquences de ses actes...
- Ce jour là, ça n'a pas marché. Tu étais trop inexpérimentée pour une telle prouesse. Mais cela a déclenché sur le corps d'Hermès un choc, une instabilité, qui l'a ramené à la vie. Il a repoussé ton œuvre, ce qui a provoqué l'apparition de la vie dans le cratère. Heureusement que ça c'est fini ainsi, à la limite du naturel. Sans quoi tu aurais sûrement provoqué une catastrophe.
- Ramener une personne à la vie... est donc l'une des choses que je ne peux pas faire... murmura Amaya.
- Non. Le Code interdit de transmuter la vie ou la mort. Tu peux guérir ou blesser, mais la vie et la mort sont des choses qui te dépassent. Tu enfreindrais tes capacités humaines et donc irais contre les principes universels.
- Bien. Je comprends mieux. L'Alchimie est un peu comme un catalyseur de ce que je pourrais faire moi-même.
- Exactement. Pour t'entrainer, tu vas commencer par tenter les trois opérations de base de l'Alchimie ici. Tu as autour de toi de l'air, de l'eau, deux éléments qui se ressemblent beaucoup et qui sont entremêlés. Le dôme en face de toi est de l'Obstacle pur. C'est le seul élément sur le Sekai qui n'est parcouru par aucun flux de Chi. Tu devras en avoir en permanence près de toi pour garder le contrôle. Ici, la quantité est plus importante, mais plus tard il te suffira d'un fragment. C'est sur lui que tu dois te focaliser. Complètement vide de Chi, il résonne parfaitement à leur influence. Grâce à lui, tu vas pouvoir te détacher d'eux et les observer comme de l'extérieur. Ainsi tu identifiera les flux de Chi qui les composent. L'eau est emplie de flux de Chi aqueux, puis de Chi aérien, puis de Chi terrestre, puis en dernier de Chi brûlant, que tu ne percevra en dernier, Après avoir analysé complètement l'élément feu et terre de la même manière que maintenant tu analyse l'eau et l'air. L'air, quant à lui, serait composé de flux de Chi aérien, puis aqueux, puis brûlant, puis terrestre.
- Je vais commencer alors...
- Dès que tu ressens de la fatigue, boit du sirop d'Echméa. Quand à moi, je vais tenter d'améliorer tes perceptions...
Artémis se leva, puis tandis que son élève fermait les yeux pour gagner en concentration, elle traça un cercle autour d'elle, puis se rassit à l'extérieur, dans le dos d'Amaya.
- Attention au changement. Tes sens vont bientôt être démultipliés au maximum de leur potentiel...
L'Axia posa ses mains sur le cercle, et aussitôt Amaya tressaillit.
C'était commencé!
Amaya-
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